Fleurs d’hiver

janvier, son tapis rouge … je regrette souvent de ne pas pouvoir tracer les premiers pas sur le grand manteau blanc de l’hiver, on envie toujours ce qu’on n’a pas, mais sachons admirer et chérir ce que la nature nous offre chaque jour ! Ce camélia de mon jardin déroule un tapis de soie ponceau tout à fait merveilleux.

Pas de neige, pas de givre, pas de gel dans le jardin de janvier, c’est comme ça, mais une variété infinie de fleurs. Je ne les photographie pas toutes, mais peux les énumérer : les camélias sasanqua aux petites fleurs simples comme des papillons, les camélias aux grosses fleurs lourdes, épanouies et sensuelles, les hellébores blanches ou pourpres et pas folles du tout, le mimosa vertigineux, les azalées et les giroflées qui ne connaissent pas de saisons, les rhododendrons précoces et fabuleux, les bruyères automnales qui aiment l’hiver, les crocus farceurs, les perce-neige qui s’obstinent à fleurir sans neige, les premières jonquilles …

Il peut y avoir dans une fleur un rêve de collines enneigées …

L’hiver

Les neiges d’antan, selon cette expression nostalgique, deviennent définitivement des neiges d’antan. A moins d’habiter ou d’aller séjourner en altitude modeste ou haute, la chance de revoir la neige se fait exceptionnelle.

Alors, chaque hiver, je lis et relis avec plaisir le livre de Bernard Clavel, L’ HIVER (éd. Nathan, 2003), ses dessins, fusains, aquarelles et photographies sont magnifiques et font rêver à ces paysages fleuris de givre qui enchantèrent nos yeux il y a une dizaine d’années encore. Le texte de Bernard Clavel est aussi poétique que son coup de crayon ou que son oeil dans l’objectif. Il raconte avec tendresse son enfance dans le Jura, les hivers rudes, la chaleur des maisons et des coeurs.

Les anciens disaient déjà il y a cent ans que les hivers étaient plus durs dans leur enfance. Aujourd’hui encore nous assurons que les hivers étaient bien plus froids autrefois. Le climat semble se réchauffer depuis longtemps …

L’hiver se montre désormais liquide, vert de gris, et la pluie incessante finit par laisser sur la photo des flocons d’une neige toute virtuelle !

Le livre des petits étonnements du sage Tao li Fu

Après le Japon, la Chine, et un petit livre rouge enchanteur de chez Cheyne éditeur, présenté par Jean-Pierre Siméon.

Edition bilingue, je suis bien incapable de lire la version originale mais la trouve bien jolie à regarder avec des calligraphies. Pensées sages, sentences et proverbes, courtes phrases de longue réflexion de Tao Li Fu, un sage ayant vécu au nord de la Chine il y a longtemps et dont on ne sait pas grand chose.

« Le vent décoiffe les cheveux et le rêve les idées bien peignées.« 

L’iroli

L’iroli est le nom d’une maison d’éditions en Picardie, voici son site : http://prod.editions-liroli.net/

L’iroli, un nom fait pour moi qui, comme l’éditrice, aime tant lire au lit. Ce nom tire aussi son origine du mot japonais irori qui désigne le brasero situé au milieu de la maison paysanne pour préparer le thé et chauffer la pièce.

Il y a un an déjà, je découvrais ce merveilleux petit livre édité par L’iroli, un recueil de haïkus de Damien Gabriels et Paul de Maricourt.

Le haïku japonais se compose de trois vers, et comme les poètes de ce petit recueil sont français, il faudrait employer le terme français tercet, mais bien sûr, le tercet est moins parlant aujourd’hui que le haïku. Je suis assez réticente face à l’exercice du haïku par des auteurs français, qui est souvent creux, insipide, alors que le haïku japonais possède une dimension poétique, picturale, philosophique, beaucoup plus ample. Cependant, ce petit livre qui avance sur la pointe des pieds est étonnant de délicatesse. Comme pour leurs bouquets de fleurs très épurés, les Japonais composent des poèmes d’une extraordinaire simplicité. La simplicité en poésie est une prouesse et certains Européens l’atteignent, c’est un bonheur de lecture.

Le cédrat

Un citron de la taille d’un pamplemousse.

Bosselé, rugueux, rustique et parfumé.

Huit cédrats m’ont donné quinze pots de confiture et ont embaumé la maison toute la journée.

C’est plus qu’un gilet jaune qu’endosse ce fruit, c’est une épaisse doudoune largement capitonnée. Son jus est rare, ses pépins nombreux, il ne se consomme pas comme un citron, il faut le couper en tranches, les laisser tremper dans l’eau pendant 24 heures pour enlever l’amertume, et cuire le tout dans la bassine, puis passer, sucrer …

Du grand soleil en hiver !

Heimat

L’été dernier mon mari m’a offert un roman graphique passionnant :

Heimat , Nora Krug, éd. Gallimard

Autobiographie, plongée dans l’Histoire allemande, enquête angoissante d’une jeune femme sur la place du nazisme dans son passé familial. La recherche est grave, la peur d’une découverte effrayante est omniprésente, mais le ton reste simple, intime, touchant, et le graphisme est très attachant. C’est aussi un beau livre d’images tout à fait original.

J’ai aimé la façon dont l’auteur évoque les objets emblématiques de son pays l’Allemagne, comme la colle Uhu, le fameux tube jaune … Je me suis demandé alors quels étaient nos objets typiquement français qui font partie de notre vie quotidienne en France, et j’ai eu bizarrement un trou … Dans le film, allemand lui aussi, Good Bye Lenin, on découvre de nombreux produits de la consommation courante, qui constituaient le patrimoine de l’Allemagne de l’Est, comme les cornichons Kühne.

Personnellement, en ne considérant que les marques existant encore aujourd’hui, ma patrie la France me rattache instinctivement au chocolat Meunier (mon préféré pour la cuisine), le stylo-bille Bic, les sous-vêtements Petit-Bateau, les bottes en caoutchouc L’Aigle, les cahiers Clairefontaine, l’encre Waterman, les nouilles Lustucru, le pâté Hénaff, la confiture Bonne-maman, les savonnettes Persavon … la liste est longue !

Sapin en pin ?

Sapin découpé en brindilles et parti au compost, décorations remisées au grenier, théière de l’Avent rangée pour décembre prochain : le temps de Noël se termine dans un peu de regret, un désir de nouveauté, un brin de fatigue, une grande envie de rester au lit avec un bon livre !

Une question se pose : est-il toujours écologiquement correct d’acheter un vrai sapin-qui-sent-bon produit dans le département ?

Cette année, pour la dernière fois peut-être, j’ai acheté un sapin coupé, mais choisi le plus petit du magasin, il n’était quand même pas terrible !

Je n’aime pas les sapins artificiels, pourtant bien pratiques, durables, mais coûtant fort cher … j’envisage de fabriquer moi-même mon prochain sapin avec des matériaux naturels.

Un sapin en bois ? Couleur naturelle ou peint en vert ? Pliant bien sûr, pour le ranger sans problème au grenier, ou démontable facilement . Existe-t-il quelque part un patron et des explications à suivre comme en couture, ou peut-on acheter un kit prêt à monter ? Je vais réfléchir à ce projet, bien que la menuiserie ne soit pas vraiment mon loisir favori, le nouveau sapin en vaudra peut-être les chandelles !

Rouilles

La rouille disparaît de notre environnement, elle devient une pièce de musée, comme cette sorte de pelle que j’ai photographiée au musée de la marine à La Rochelle.

à la rouille s’oppose l’inoxydable.

à la fragilité s’oppose la sécurité.

Le plastique remplace la ferraille qui rouille.

Les voitures et les trains ne rouillent plus, on ne roule plus dans un tas de rouille. Les épingles, agrafes et boutons-pression ne laissent plus un point de rouille sur le linge, les appareils ménagers ne s’oxydent plus, le fer blanc des batteries de cuisine a fait place à l’inox et au téflon.

Ouille, la rouille citrouille, qui coince, esquinte, détruit, empoisonne, la rouille d’abord insidieuse, silencieuse, puis voyante, grinçante, on ne peut guère la regretter. Et pourtant, elle avait du charme.

Un petit livre couleur de rouille nous fait revivre le temps ancien des rouilles, ces rouilles banales, quotidiennes, qui faisaient partie de notre vie.

Françoise Louise Demorgny, Rouilles, éd. Isabelle Sauvage

L’auteur évoque l’enfance dans un village des Ardennes, le pays des fonderies, du minerai, le pays de la pluie, de la rouille. Une industrie en voie de disparition, effritée, pulvérulente, des vies minuscules et fragiles qui s’effacent, laissant une dentelle de rouille. De rouilles, le mot est au pluriel, il est au propre et au figuré.

Au cimetière, les croix métalliques dressent leurs silhouettes rouillées dans la brume humide. Au château, la grille du parc ocre rouge ne s’ouvre plus. Françoise Louise Demorgny nous remet en mémoire tous ces objets sujets à la rouille qui s’évanouissent de notre temps présent, avec tendresse, humour, mélancolie.

Ce tout petit livre poétique m’a emportée, émerveillée dans sa délicatesse. Le dernier mot du livre, j’aime bien noter l’importance du dernier mot, est s’oxydant. Ma curiosité est vive et je ronge de la hâte de lire les autres ouvrages de cet auteur (on dit maintenant « autrice » ou « auteure » mais ces mots me dérangent, le mot masculin général n’a pas encore rouillé dans mon esprit !).

Camus

Comme les artichauts bretons, l’an nouveau se fait camus. Précisément avec une majuscule, Camus.

Il y a soixante ans, le 4 janvier 1960, Albert Camus mourut dans un accident de voiture.

Son oeuvre continue de fasciner.

Et pourtant, j’ai écouté les journaux télévisés (oui, je perçois les émissions de télé plus volontiers avec les oreilles qu’avec les yeux) sur différentes chaînes, aucun n’a mentionné le nom de Camus. Les manifestants et l’attentat terroriste ont eu la priorité.

J’espère que des programmes lui seront bientôt consacrés. Un nouveau livre paraît la semaine prochaine, de Marylin Maseo :

Renouveau

Renouveau

Nouvelle année, nouveau journal, nouvelle adresse …

La photo montre un centre de vacances, inauguré dans l’été 1968 à Beg-Meil (Finistère), qui porta le nom bien trouvé de Renouveau.

Ce village de mamelons tout en rondeurs d’une blancheur éclatante était destiné à des familles de vacanciers au revenu modeste, et son architecture futuriste fit hurler la population bretonne.

Situé à 50m de la plage, en contrebas de la dune, entouré de talus et buissons, il reste un témoin discret de ces années délirantes, glorieuses, inventives, insouciantes et insensées, où chacun avait l’espoir et la confiance en un avenir qui serait forcément meilleur, dédié aux loisirs, où régneraient la paix et le bonheur.

Un demi-siècle plus tard, le ciel s’est assombri, mais une belle éclaircie persiste à l’horizon.

Bonne année 2020 !