» Le soleil incessant, ces heures au goût de sommeil et de vacances, n’invitaient plus comme auparavant aux fêtes de l’eau et de la chair. Elles sonnaient creux au contraire dans la ville close et solitaire. Elles avaient perdu l’éclat cuivré des saisons heureuses. Le soleil de la peste éteignait les couleurs et faisait fuir toute joie. »
Albert Camus, extrait de La Peste (1947)
Le covid 19 n’est heureusement pas la peste mais nous laisse dans cette langueur si bien décrite par Camus. Le danger rode de toutes parts et nous mine. Pas seulement le danger de la maladie, je dirais même que celui-ci semble s’éloigner, mais les nombreux tourments de l’incertitude, les ombres économiques, la fracture sociale, les problèmes écologiques, la colère générale et la perte de confiance, tout cela nous ronge, nous rince et nous essore malgré l’été radieux qui s’avance. Allons, allons, reprenons l’espoir ! Mais tout de même, par dessus le masque, le baiser des yeux est un minimum très frustrant à un mètre cinquante de nos enfants.