À l’encre violette, au stylo-bille vert, rose, turquoise, les jours se suivent en arc-en-ciel. Depuis deux ans, j’écris dans un carnet en jouant avec les couleurs. Je tiens un journal papier, qui, après la vogue du blogue à laquelle j’ai cédé avec joie, m’apporte aujourd’hui plus de fantaisie, de souplesse, j’écris dans le creux de l’oreiller, sur le dos du chat, ou dans la chaise longue, sans l’embarras d’un vieux PC capricieux et farceur.
Cet événement exceptionnel qu’est notre confinement a forcément étoffé mon journal de façon plus dense qu’auparavant. J’ai noté beaucoup de choses et je pense que nombreux sont ceux qui comme moi, tout d’un coup, se sont découverts diaristes assidus face à la crise, qui nous est tombée sur la tête si brusquement. Et pourtant, quand je relis certaines pages griffonnées en janvier dernier, je constate qu’on parlait alors de « cygne noir ». J’avais appris cette expression. Les analystes économiques se demandaient si le virus, qui bouleversait la Chine, n’était pas ce qu’on appelle un black swann, un de ces trucs totalement inattendus et étrangers au monde de l’économie venant chambouler et effondrer la situation. Je n’aime pas me relire, mais quand il s’agit de faits historiques, eh bien j’espère que mes écritures colorées seront durables et non enfuies comme le temps, afin que mes descendants à la fin du XXIème siècle puissent s’informer du vécu de ces fameux confinés de l’année 2020.