Un homme qui dort, tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes. Cette courte phrase se trouve à la deuxième page de À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, Combray. Et cette phrase de Marcel Proust inspira Georges Pérec pour le titre de son récit, Un homme qui dort, publié en 1967. Pérec et Bernard Queysanne adaptèrent le livre au cinéma en 1974, du film sont issues les photos montrées ici.
Cet homme qui dort fut écrit après Les Choses et se voulut son pendant, son envers, l’homme dormant refuse les choses, refuse le monde, là où les Choses suscitaient le désir, ici chez le dormeur il n’y a plus d’envie, plus de vie tout court.
Georges Pérec utilise la deuxième personne du singulier pour communiquer avec l’homme qui dort. Tu fais ceci, tu penses cela … Cet homme est muet et le « tu » le fait indirectement parler, il s’adresse à lui-même dans une lente introspection. Le tu pour celui qui se tait est habile ! Cet homme se confine en lui-même, ne communique avec personne, s’interroge indéfiniment. Au point que le lecteur s’endort … il faudra à cet homme un sérieux déconfinement pour le ramener à la vraie vie altruiste.