La tête en broussaille, le corps ensommeillé, aucun courage ce matin ; je laisse l’imaginaire s’emballer, les mots s’entremêler et mon dos se caler dans les oreillers. Au nombre de trois mes oreillers, pour tisser un cocon de paresse. C’est mon refuge, mon aire, un air de rien, de tout ce que je ne sais pas formuler, vacance, ivresse de l’heure oubliée.
Je prends un livre tout petit, léger dans mes mains indolentes, bien qu’elles soient obligées de travailler, mes mains activent le coupe-papier, cet objet chéri, démodé, d’un autre temps. Ce petit livre aux feuilles pliées, cousues, d’un beau papier, imprimé par un joli nom d’éditeur, La guêpine, s’intitule Le déclic. Son auteur est Charles Juliet, mon ami des heures silencieuses, retirées du monde, des lectures intimes que j’ai du mal à partager. Je la partage ici en ce lieu que personne ne visite.
Je lis sa nouvelle d’une traite, elle lui ressemble tant, c’est tout ce que je crois être lui, cet homme discret, profond, authentique, revenu des mondanités, une personne qui me rappelle tant Charles Swann. Son personnage éprouve un déclic, cette étincelle qui vous ouvre à vous-même, vous donne une confiance inconnue jusque là, une espérance inespérée. Dans mon lit je ressentais plutôt le déclin, l’enlisement, il fallait que je lise, et hop, je revis, j’écris et je clique sur « publier » !